Sophie Castonguay
Ce n'est rien

Skol, Montréal

« Écoutez moi bien. Je vais vous dire ce qu'il en est. Je sais que, ce n'est pas facile pour vous. Ce n'est pas facile pour moi non plus. Comment vous appelez-vous ? Ne répondez surtout pas. Sentez-vous bien à l'aise. Faites comme chez vous. Ne faites pas l'autruche. Ça me gênerait. Je n'ai pas grand chose à dire. Si ce n'est, que, présentement, nous sommes là, devant le fait accomplie. Surtout, ne vous méprenez pas sur mes intentions. Nous sommes si nombreux, dans le même bateau. Vous êtes toujours là ? C'est gentil d'être resté. [...] »

À l'entrée du Centre des arts actuels Skol est assis un récitant. Il est disponible pour quiconque souhaite assister à ce n'est rien. Le spectateur est invité à s'asseoir avec lui et à écouter ce qu'il a à dire. Le récitant pèse sur play et répète les paroles adressées au spectateur. « Rien ne vous effraie. Ils sont rare les gens comme vous qui tenez le coup aussi longtemps. C'est tout en votre honneur ! Je ne voudrais pas abuser de vous. Loin de moi l'idée de vous tenir en otage. » Le temps passe et à travers les paroles qu'il prononce, le récitant se préoccupe de ce que vit le spectateur. Il termine son récit en lui disant qu'il souhaite le dédommager pour l'avoir retenu aussi longtemps. « Je n'aurais pas du vous retenir si longtemps. Je réalise que je n'ai rien à dire. Je vous ai fait perdre votre temps. Vous avez été si indulgent avec moi. Comment puis-je me faire pardonner ? » C'est à ce moment que le récitant remet au spectateur une petite pièce sur laquelle est inscrit ce n'est rien.


Entrevue à Skol
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